Le gouvernement de François Legault a franchi en janvier le cap des 100 premiers jours au pouvoir. Les analystes politiques ont bien sûr profité de l’occasion pour dresser un premier bilan de ses actions. Tous et toutes s’entendent pour dire que la lune de miel entre la Coalition avenir Québec (CAQ) et la population se poursuit. En effet, celui-ci bénéficiait en décembre dernier d’un taux d’approbation de 59%.
Tous et toutes s’entendent aussi pour dire que les attentes face à ce gouvernement sont très élevées et que les prochaines semaines seront cruciales. Malgré un surplus budgétaire qui devrait atteindre 1,7 milliard $ pour 2018-2019, le gouvernement de François Legault aura des choix difficiles à faire.
Les premières réalisations
Depuis l’élection d’octobre dernier, le ministre des Finances, Éric Girard, a publié une mise à jour économique dans laquelle il annonçait la bonification de l’allocation familiale pour les 2e et 3e enfants, le gel de la contribution additionnelle pour les services de garde subventionnés et un montant d’environ 200$ pour les personnes de 70 ans et plus à faible revenu.
De son côté, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann a ordonné au réseau d’augmenter les services en soins à domicile, alors que la ministre responsable des Proches aidants a organisé une consultation pour alimenter son projet de politique nationale.
Enfin, le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, a déposé un projet de loi pour resserrer l’encadrement du cannabis. Ce projet de loi prévoit notamment augmenter l’âge minimal requis pour posséder du cannabis à 21 ans et interdire la consommation dans tous les lieux publics.
Les promesses et les attentes
En campagne électorale, François Legault a fait de nombreuses promesses. D’un côté, il s’est engagé à alléger le fardeau fiscal des contribuables de 1,7 milliard $ sur 5 ans, notamment par le biais de mesures de soutien financier aux familles et aux personnes aînées ou encore en uniformisant la taxe scolaire, ce qui privera le réseau de l’éducation de 700 à 900 millions $.
De l’autre, il s’est engagé à améliorer les services à la population. Il a, entre autres, promis un meilleur accès à un médecin de famille, la réduction du temps d’attente dans les urgences à 90 minutes, l’instauration de la maternelle 4 ans et un meilleur accès aux professionnel.le.s pour les élèves en difficulté.
Dans le dossier de la lutte aux changements climatiques, le gouvernement de la CAQ a promis que le Québec atteindrait sa cible prévue de réduction de gaz à effet de serre pour 2030 tout en promettant aussi l’élargissement et le prolongement d’autoroutes ainsi que la construction d’un 3e lien entre Québec et Lévis.
Et pour le communautaire ?
Selon le Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA), on note avec l’arrivée de la CAQ au pouvoir un changement de ton important par rapport au gouvernement précédent. Même s’il donne l’impression d’être plus ouvert et collaboratif, il ne faut toutefois pas oublier que le gouvernement de François Legault s’est fait élire en mettant de l’avant plusieurs idées conservatrices.
Au niveau du financement des organismes communautaires, les élu.e.s de la CAQ affirment vouloir donner priorité au soutien à la mission afin de permettre aux organismes de se concentrer sur celle-ci plutôt que sur de multiples demandes de financement par projet. Pour le moment, aucun chiffre n’a été avancé concernant la promesse d’un éventuel rehaussement. Il faudra surveiller le premier budget d’Éric Girard pour voir s’il respecte cet engagement.
Il faudra aussi voir si le gouvernement actuel maintien une vision utilitariste des organismes communautaires. Pour le moment, la directive visant à mieux financer les groupes en défense collective des droits qui donnent des services directs à la population demeure. En santé et services sociaux, une telle vision pourrait se traduire par une augmentation des ententes ayant pour but de sous-traiter certains services du réseau à des organismes communautaires.
Soyons vigilant.e.s
Bien que plusieurs éléments positifs ressortent des premiers bilans du gouvernement de la CAQ, il faut rester vigilant.e.s. En effet, François Legault ne pourra pas tout faire : alléger le fardeau fiscal de la population tout en améliorant les services publics, lutter contre les changements climatiques tout en construisant des autoroutes, améliorer le financement à la mission des organismes communautaires tout en les considérant comme des sous-traitants du réseau public. Tôt ou tard, il devra faire des choix.