Santé, services sociaux et éducatifs

[ État critique des services publics ]

SERVICES PUBLICS DE SANTÉ

Après l’hécatombe dans les CHSLD, puis l’allongement des listes d’attente en raison du délestage des activités considérées comme non urgentes, nous nous retrouvons maintenant face à la multiplication des bris de services, surtout par manque de personnel. Bien que le gouvernement de la CAQ propose un plan de « sauvetage » pour freiner l’hémorragie des travailleur.euses de la santé, surtout les infirmières, plusieurs considèrent que c’est trop peu et surtout trop tard.

Une des principales demandes de Québec pour éponger la facture qui augmente d’année en année en santé est l’augmentation des transferts fédéraux. Reste à voir si elle sera accordée, et ce, avec ou sans condition, puisque Justin Trudeau pourrait en profiter pour imposer des normes nationales dans les CHSLD. Selon certains, la répartition du budget de la santé au Québec devrait être revue afin que la part réservée au salaire des médecins et concentrée dans les soins hospitaliers soit partagée plus équitablement, notamment pour bonifier la prévention.

Centralisation du réseau public

Les difficultés du réseau de la santé à répondre aux besoins de la population étaient annoncées depuis plusieurs années. La centralisation amorcée avec la réforme Barette s’est intensifiée au cours des derniers mois. La gestion de la pandémie à partir de Québec est déplorée par de nombreux acteurs institutionnels et communautaires. Nous le savons, les régions ont été impactées différemment, comme à Montréal, où le contexte urbain a multiplié les obstacles à l’application des mesures sanitaires. Espérons que le projet de loi mammouth, ou d’envergure, qu’entend déposer le ministre Christian Dubé cet automne pour réorganiser le système de la Santé et des Services sociaux ne s’inscrira pas dans cette tendance centralisatrice, qui a eu pour conséquence d’invisibiliser les besoins sur le terrain.

SERVICES SOCIAUX ET ÉDUCATIFS

La non-reconnaissance des travailleuses du « prendre soin » (care). Le désinvestissement dans les rôles de l’État, que ce soit dans le domaine de la santé, des programmes sociaux, en éducation ou en petite enfance, et le manque de services ne peuvent plus être ignorés par les élu.es. Pensons aux listes d’attente en santé mentale ou aux services en lien avec les difficultés d’apprentissage, le manque de place en garderie, les failles du système de protection de la jeunesse, l’isolement et le manque de soins accessibles aux aînés et aux personnes handicapées, etc. C’est tout le système du « prendre soin » qui est au point de rupture.

Derrière ces grandes structures œuvrent surtout des travailleuses, majoritairement racisées dans certains domaines. La question de la conciliation famille-travail, qui touche encore plus particulièrement les femmes, et les conditions de travail des femmes sont au centre des mobilisations actuelles pour un plus grand réinvestissement dans les services publics. La COVID-19 a touché plus durement les emplois féminins, ceux-là même qu’il est plus qu’urgent de revaloriser aujourd’hui. Le manque de place en garderie mine la participation sociale des femmes.

En bref, il est frappant de constater que les enjeux actuels sont résolument féministes et que l’absence de mesures fortes pour s’y attaquer ne fait qu’accentuer les inégalités femmes-hommes.