Les consultations entourant la révision du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC), d’abord prévues à l’automne 2017, puis au printemps 2018, se font toujours attendre. Bien qu’aucun nouvel échéancier ne nous ait été fourni, la possibilité que les consultations débutent en plein été est toujours présente, et ce, malgré l’opposition d’une grande majorité de regroupements régionaux à travers le Québec. Consulter pendant l’été, c’est manquer de respect envers les travailleuses qui devront bousculer leur horaire de vacances (pourtant bien méritées!), ou carrément travailler alors qu’elles sont en période de mise à pied économique. Consulter pendant l’été, c’est nier la nécessité pour les groupes de se rencontrer afin de s’approprier collectivement les nouvelles orientations ministérielles. Et après l’été viennent les élections… Il est plus que temps que le ministère dépose un échéancier de travail et le respecte!
Sur la nature de la révision, on s’attend à ce que le programme soit plus détaillé, réduisant ainsi la marge de manœuvre régionale et par conséquent, l’adaptabilité du programme aux réalités régionales. Au-delà de l’enjeu d’uniformisation nationale, c’est avant tout la marge de manœuvre des groupes eux-mêmes, donc leur autonomie, qui risque de rétrécir. Détailler davantage les critères d’admissibilité au programme, c’est circonscrire l’action communautaire autonome. Quelle définition détaillée de la transformation sociale sera mise de l’avant par le gouvernement? Selon quels critères mesurera-t-on l’ancrage dans la communauté? Quel espace d’influence conserveront les membres-participants pour exprimer leurs besoins et pour déterminer les moyens qu’ils souhaitent mettre en œuvre afin d’y répondre? Avant de plaider en faveur de l’harmonisation ou de l’adaptabilité du programme, nous prendrons le temps d’envisager les conséquences à long terme pour les groupes et pour le mouvement de l’ACA.
En resserrant les critères d’admissibilité au financement à la mission globale, de nombreux groupes risquent d’être transférés en entente pour activités spécifiques, à l’intérieur ou à l’extérieur du PSOC. La multiplication des catégories de classement des groupes pourrait affecter la solidarité du mouvement, en plus d’occasionner une complexification bureaucratique inutile. Bien plus qu’une formalité administrative, on peut voir là une façon d’instrumentaliser le travail des groupes en définissant par contrat les activités devant être réalisées afin de répondre à des besoins identifiés par le ministère ou les CIUSSS, ou au gré des orientations politiques des gouvernements. Il serait étonnant qu’une révision aussi fondamentale ne soit qu’administrative et n’ait aucun fondement politique. Au contraire, cette révision a tout à voir avec le rôle que jouent les groupes d’action communautaire autonome dans la société.
Nous réitérons qu’il faudra attendre la publication des nouvelles orientations ministérielles avant de juger de leur pertinence et de leurs impacts. Nous avons tous, en ce sens, un devoir de vigilance.