[ Actualités communautaires ]
À la demande du MSSS, les CIUSSS et la DRSP préparent des plans de rétablissement des communautés post-COVID.
Le concept de rétablissement s’est immiscé dans le vocabulaire du Réseau au printemps dernier. Des plans sont en élaboration depuis et commencent à prendre forme.
Les regroupements ont dans un premier temps posé des questions afin de comprendre les intentions, les échéanciers et le concept lui-même. Ils ont également souligné que, puisque les groupes communautaires semblaient visés, il serait pertinent de les consulter en amont plutôt que de les mettre devant le fait accompli.
La DRSP a élaboré un cadre de référence intitulé Des communautés résilientes post-COVID Vers un plan de rétablissement des communautés. Sans remettre en question la qualité du travail réalisé par ses auteurs, ni sa pertinence pour le Réseau de la santé, il est extrêmement troublant de constater qu’il vise non seulement les organismes communautaires, mais également des « organisations philanthropiques et partenaires privés » avec qui le Réseau public souhaite « établir des partenariats économiques pour le financement des activités planifiées » (p.15). Aux dernières nouvelles, l’État avait déjà un excellent moyen de prélever des fonds privés afin de les investir dans des programmes sociaux et les groupes communautaires : les impôts !
Des mesures préexistantes de financement du milieu communautaire (accès aux aliments, logement, aménagements actifs) ont ainsi été rassemblées dans un seul appel de projets sous l’appellation « Des communautés résilientes post-COVID » (présentation), qui s’inscrit dans ce plan de rétablissement. Nous avons également remis en question cette approche. Y a-t-il vraiment une valeur ajoutée ? Est-on en train de simplement créer de la confusion dans les groupes ? De remettre une couche conceptuelle supplémentaire qui ajoute du bruit dans le canal de communication ? Ni plus ni moins que de la friture sur la ligne…
Les 5 CIUSSS montréalais sont également en préparation de leurs plans et convoquent des tables de quartier afin d’en discuter. Que leur sera-t-il demandé ? Quelle sera leur participation ? Auront-elles le temps requis afin de consulter leurs membres ? Devront-elles adopter elles-mêmes de tels plans, en plus de leurs plans existants ? Y aura-t-il des fonds afin de soutenir cette participation ? Et surtout, des actions concrètes et structurantes auprès des populations seront-elles possibles et soutenues financièrement ?
À priori, on semble vouloir y intégrer une pléthore d’initiatives existantes et variées, des Éclaireurs en santé mentale aux Aires ouvertes, en passant par la gériatrie sociale et autres initiatives bienveillantes. À quels besoins est-on en train de répondre ? À ceux du bailleur de fonds, ou à ceux des membres et des communautés ?
Le propre des organismes communautaires et des tables de quartier est leur grande agilité et leur capacité d’adaptation en temps réel aux besoins des communautés dont ils sont issus. Ont-ils besoin d’un cadre conceptuel imposé par le Réseau pour poursuivre leur travail ? Ont-ils besoin qu’on vienne les organiser ? Est-on en train de dédoubler des actions et des structures existantes ?
Nous faisons le postulat qu’il appartient aux communautés de s’organiser par et pour elles-mêmes. Et qu’il leur appartient de définir leurs plans d’action, leurs priorités et leurs orientations. Qu’elles ont le choix des chemins à emprunter.