Analyse du budget du Québec 2023-2024 : « Un Québec engagé » à détricoter notre filet social

Le mardi 21 mars 2023, le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, a déposé le premier budget du second mandat du gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ), réélu avec une forte majorité à l’Assemblée nationale à l’automne dernier.

Pour le communautaire, malheureusement peu de surprises, moins d’un an après le lancement du nouveau Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire 2022-2027 (PAGAC). Celui-ci contenait des annonces d’investissements sur 5 ans, dont des augmentations récurrentes du financement à la mission globale dans certains secteurs. Une annonce, à la veille du budget, a toutefois fait sourciller le milieu. Elle porte sur un retour en force de la pédiatrie sociale, alors que les ressources existantes, dans le communautaire comme dans le réseau public, souffrent elles-mêmes d’un sous-financement chronique !

En dépit des multiples critiques, la CAQ honore sa promesse électorale de baisser les impôts. Mesure phare de ce budget qui s’ajoute au « bouclier anti-inflation », elle bénéficiera plus aux riches qu’aux personnes les plus gravement touchées par la hausse du coût de la vie. C’est le tiers de la population, soit 2,4 millions de Québécoises et de Québécois, qui n’en profitera pas. Cette mesure est symptomatique de plusieurs choix faits dans le cadre de ce budget « qui s’engage » surtout à stimuler l’économie et très peu à soutenir les populations les plus vulnérabilisées et marginalisées.

Le ministre Girard nous dit avoir les moyens de « remettre de l’argent dans les poches des Québécois » et Québécoises de façon permanente, tout en continuant à remplir les principales missions de l’État, comme le démontre l’augmentation des dépenses : en hausse de 7,7 % en santé et de 5 ou 6 % en éducation, incluant l’éducation supérieure. Au-delà des milliards de dollars annoncés[1], demandons-nous si ces sommes montrent un « engagement » envers les populations, notamment celles qui en ont le plus besoin ? Permettent-elles au gouvernement de s’attaquer aux crises comme celles du logement et de l’environnement, parmi tant d’autres, et aux enjeux sociaux majeurs ?

Pour répondre à ces questions, nous présenterons les principaux investissements en action communautaire et les mesures qui renforcent les mailles de notre filet social collectif, composé du réseau de la santé,  de celui de l’éducation, des CHSLD, des CPE, des logements sociaux, etc. Nous verrons qu’en ce début de mandat, la CAQ « engage le Québec » dans des mesures fiscales qui creusent les inégalités et fait des choix de dépenses qui érodent encore davantage les dispositifs de protection sociale des personnes les plus démunies…

Bref, il apparaît clairement que ce gouvernement ne s’engage pas à freiner l’appauvrissement ni la crise climatique.

Réactions du milieu communautaire