Réaction du RIOCM aux propos de Centraide
En cette période prébudgétaire, et dans le contexte politique et social trouble dans lequel nous vivons, il est plus que nécessaire que le milieu communautaire réponde par la solidarité. Le Québec n’est pas à l’abri de l’influence des hyper-riches et de la philanthropie en générale, qui perpétue les inégalités sociales et rompt l’équilibre démocratique des classes que permet l’action communautaire autonome. La raison d’être des organisations du secteur est la justice sociale, bien plus que la charité.
« Par, pour et avec » les personnes vulnérabilisées, marginalisées ou opprimées, encore aujourd’hui et plus que jamais!
Pourtant, dans l’article Éradiquer la pauvreté pour tous et avec tous publié dans Le Devoir le 13 janvier dernier, le PDG de Centraide du Grand Montréal présente son organisation comme jouant « un rôle central en créant des ponts entre les secteurs communautaires, privé et gouvernemental ». Il a simultanément invité des regroupements à une rencontre, dans l’objectif de rapporter leurs préoccupations au gouvernement. Le RIOCM a décliné l’invitation et compte poursuivre son travail directement auprès de l’administration publique.
Rappelons à Centraide et aux autres fondations, publiques comme privées, que ces ponts existent déjà, qu’ils sont diversifiés, qu’ils sont reconnus et financés par le gouvernement, et contrôlés démocratiquement par les organismes communautaires membres. Ce sont les regroupements communautaires de tous les secteurs, régionaux et nationaux. Répétons du même souffle que leur contribution financière en soutien aux groupes communautaires est inestimable. Et si l’objectif est d’accorder une reconnaissance réelle au milieu communautaire, il faut éviter toute appropriation et instrumentalisation de la parole de personnes concernées, par exemple par l’obtention d’une place privilégiée au sein de l’administration publique et des élu.es.
Laisser les regroupements communautaires faire leur travail, c’est :
- Reconnaitre l’action communautaire : Considérer les organismes communautaires comme les véritables experts de leurs réalités et de leur ancrage dans les communautés.
- Renforcer l’idée du « par et pour » : Les organismes communautaires ont créé leurs regroupements de manière autonome afin d’exprimer librement leurs enjeux et ceux de leurs communautés à travers des instances et dynamiques démocratiques de participation.
- Soutenir la démocratie : Dans un contexte où le renforcement démocratique est crucial, ce message, porté par Centraide et d’autres fondations, contribuerait à la reconnaissance des regroupements communautaires tout en répondant aux défis actuels auxquels la démocratie est confrontée.
- Faciliter les prises de décision gouvernementales : Une consultation directe avec les représentants des regroupements communautaires, qui maîtrisent la diversité et la complexité des enjeux, permettrait aux élus de prendre des décisions mieux éclairées.
Nous republions à cet effet la lettre que nous avons fait parvenir à Centraide en février 2023, ainsi qu’un survol des enjeux éthiques et pratiques soulevés par les « partenariats » entre l’État et le secteur privé en matière « d’investissements sociaux ».
Dans un contexte où les fondations évoluent vers des modèles philanthropiques fondés sur la confiance, nous pensons qu’il s’agirait d’un pas significatif dans cette direction.