Dès les premiers jours de la crise, le gouvernement du Québec a reconnu l’importance des groupes communautaires. Remerciements, annonces de fonds d’urgence, ajout à la liste des services essentiels, appels à la population à faire du bénévolat (jebénévole.ca), appels aux personnes en situation de vulnérabilité à trouver de l’aide auprès de ces groupes (211). Un mois plus tard, la plus importante contribution annoncée par le gouvernement, le fonds d’urgence pour les groupes en santé et services sociaux, ne se concrétise pas. Au-delà des appels à la solidarité, le gouvernement doit agir.
Les groupes sont toujours présents sur le terrain. Ils se sont réorganisés. Les activités collectives ont rapidement été suspendues, distanciation sociale oblige. Ils font du soutien téléphonique pour s’assurer que leur monde est en sécurité. Ils font des rencontres de groupe virtuelles, pour que ça continue à bien aller. Ils distribuent à l’extérieur des paniers d’aide alimentaire d’urgence, cuisinent et livrent des repas aux aînés isolés, font leurs commissions, appliquent des mesures sanitaires complexes dans les lieux d’hébergement. Simplifient l’information. La traduisent. Trouvent des voies de passages afin qu’on n’oublie personne. Personne.
Plusieurs groupes, déjà sous-financés, voient les besoins urgents augmenter considérablement, alors que certains de leurs revenus diminuent : fin des levées de fond, fin des revenus autonomes de vente de nourriture ou de biens usagés.
Qu’a fait le gouvernement pour que les groupes communautaires soient en mesure de répondre aux besoins croissants ou nouveaux des personnes vulnérables? Devant le soutien qui tarde à venir, ces appels à la solidarité du gouvernement sont perçus comme un délestage de responsabilité. L’argent aurait dû arriver il y a longtemps. Sans les fonds d’urgence promis, des groupes vont devoir fermer. Alors que des fondations privées et des municipalités répondaient présentes, que fait le gouvernement du Québec pour s’assurer que les personnes vulnérabilisées ne soient pas les victimes collatérales, sinon directes, de cette crise?
En plus d’un fonds spécifique aux maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence et d’un autre pour les systèmes régionaux de distribution de denrées alimentaires, le gouvernement du Québec a annoncé 20 millions pour les groupes financés au PSOC, dont 4,8 M pour Montréal. Après 6 semaines, cet argent est loin d’arrivée dans les comptes de banque des groupes. Elle est pourtant déjà dépensée : elle suffit à peine à couvrir les besoins spécifiques reliés à la crise pour 4 semaines! Il est impératif que ce montant soit multiplié par 3, dès maintenant. Montréal est l’épicentre de cette crise, et son milieu urbain, dense, multiethnique et riche de toutes ses diversités a besoin d’une action spécifique.
Parce que les groupes en sécurité alimentaire dans les quartiers doivent continuer à nourrir les gens. Pour que se poursuivent les actions des popotes roulantes qui nourrissent les personnes aînées et isolées, le travail de rue avec les personnes itinérantes et marginalisées, le soutien aux personnes vivant avec des handicaps ou des problématiques de santé mentale, malgré la situation hautement anxiogène. Pour que restent disponible le répit aux proches aidants et aux familles, les maisons d’hébergement jeunesse, le soutien aux victimes de violences sexuelles. La liste des personnes pour qui « ça ne va pas bien » est beaucoup trop longue, tout autant que la liste des groupes qui poursuivent leur mission, contre vents et marées.
L’argent promis par le gouvernement du Québec pour les groupes communautaires qui interviennent en santé et services sociaux doit arriver, maintenant. Et couvrir l’ensemble des besoins.