Financement de santé publique pour les groupes communautaires

Plusieurs groupes reçoivent du financement de la Direction régionale de santé publique (DRSP), la plupart du temps pour des cycles de 3 ans. Certaines mesures (enveloppes) s’adressent aux tables de concertation locale, d’autres s’adressent aux groupes communautaires. Il peut s’agir d’activités en sécurité alimentaire, la création d’environnement favorable pour les familles ou les jeunes, de mesures de prévention des ITSS ou de réduction des méfaits liés aux drogues.

 

Trois mesures sont présentement en révision (3.1 , 4.2 , 12.1) et les groupes concernés ont été consultés via leurs instances de concertation locale. Le RIOCM siège sur les comités de gestion de ces mesures et a également produit des avis. Pour la suite des choses, notre travail sera de rappeler l’importance de considérer les résultats de la consultation. À ce moment-ci, nous ne sentons pas beaucoup d’ouverture.

 

Certaines orientations de la DRSP nous inquiètent :

– Financer exclusivement des activités réalisées en partenariat, c’est-à-dire exclure toute activité réalisée par un seul groupe, même si ce groupe s’implique dans la concertation et si l’activité est inscrite au plan d’action local. La DRSP semble perdre de vue qu’un groupe communautaire est en soi une organisation collective.

– Financer des services au volume, en maximisant l’efficacité coût/quantité. La qualité des interventions, la nécessité de l’établissement de liens humains, au cœur de notre approche, est peu présente dans les critères de sélection proposés. On semble s’intéresser davantage aux capacités de gestionnaire du groupe plutôt qu’aux impacts des activités proposées sur les populations ciblées.

– Déplacer l’argent sans tenir compte des impacts négatifs pour les personnes affectées par les activités qui disparaîtront. On se concentre exclusivement sur les nouveaux bénéfices escomptés.

– Imposer une vision institutionnelle et statisticienne de la prévention sans égard à la culture et à l’expertise des groupes, qui ont développé un savoir expérientiel pertinent et des approches spécifiques et innovantes (différentes de celles du réseau public), dont l’éducation populaire et l’empowerment.

– Faire de la microgestion budgétaire sans égard à l’autonomie des groupes et des instances de concertation.

– Réduire le champ de la prévention à des activités prédéfinies.

 

De façon générale, nous souhaitons rappeler à la DRSP que :

-Les groupes communautaires sont reconnus et financés parce qu’ils offrent des réponses aux besoins de la population qui sont différentes de celles du réseau. Pour maintenir cette complémentarité, les intervenant.e.s du réseau doivent respecter l’autonomie des groupes dans le choix de leurs approches.

-Les groupes communautaires sont aux premières lignes avec les personnes démunies, défavorisées, exclues ou opprimées. Bien que le travail des tables de concertation soit essentiel dans les quartiers, nous croyons que des activités de prévention en santé publique destinées à ces populations doivent continuer à prendre place dans les groupes communautaires, avec les personnes concernées.

-La réalisation d’activités en partenariat peut être intéressante et bénéfique, mais ne doit pas devenir l’unique manière de faire ni s’imposer comme un credo. Le tout-au-partenariat-et-à-la-concertation n’est pas plus bénéfique que jamais-de-partenariat. Les groupes sont à même de juger quand des partenariats sont pertinents, ils ne devraient pas être des conditions sine qua non à l’obtention de financement.