Les bâtiments scolaires excédentaires, un patrimoine collectif à conserver pour loger les organismes communautaires

Par la Coalition montréalaise des Tables de quartier (CMTQ) et le Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM), au nom d’organismes communautaires hébergés par le CSSDM

Un article dans La Presse nous apprenait récemment que le Centre de services scolaires de Montréal (CSSDM) s’apprête à se départir de sept bâtiments excédentaires. À l’heure où les organismes communautaires sont confrontés à une crise des locaux et que plusieurs d’entre eux sont menacés de fermeture faute de pouvoir se reloger, il est primordial de préserver les bâtiments publics excédentaires pour le bien-être de nos communautés. Leur mise en vente sur le marché privé doit être évitée à tout prix. Nous appelons les pouvoirs publics à agir avant qu’il ne soit trop tard et de mettre en œuvre des solutions durables pour les conserver dans le giron public et collectif.

Crise des locaux pour les organismes communautaires

Le problème d’accès à des locaux communautaires à Montréal est maintenant reconnu et bien documenté. Les organismes communautaires font face à de fortes hausses de loyers, des reprises de bâtiments pour des besoins scolaires et des évictions par des propriétaires pour des activités plus lucratives. Les édifices publics et les locaux abordables sont extrêmement rares.

Le démantèlement du parc immobilier du CSSDM a un impact majeur sur la capacité des organismes à poursuivre leur mission. Actuellement, une quarantaine de bâtiments excédentaires sur le territoire du centre de services scolaires hébergent encore des organismes communautaires autonomes et des Centres de la petite enfance. Comme bien d’autres avant eux, ces organismes sont évincés lorsque leur immeuble sera mis en vente.

Les impacts des évictions sont immenses : les organismes sont fragilisés et éloignés des populations qu’ils desservent, grugeant peu à peu le tissu communautaire solidairement constitué depuis des décennies en réponse aux besoins de la population. « Sans le communautaire, nous nous sommes cuits », rappelait si bien Nathalie Collard dans un récent article de La Presse. Si les groupes sont indispensables, encore faut-il leur garantir l’accès à des locaux.

Les locaux communautaires, une responsabilité publique

Alors que les terrains et bâtiments publics sont de plus en plus rares, il serait irresponsable de privatiser ceux que nous détenons encore collectivement. Allons-nous laisser le parc immobilier excédentaire du CSSDM être vendu sur le marché privé, une adresse à la fois ?

Depuis l’abolition des commissions scolaires en 2020, il n’y a plus de vis-à-vis politique avec qui aborder la planification des immeubles excédentaires. Dès que le CCSDM décide de se départir d’un bâtiment, sa mise en vente est alors régie par la Société québécoise des infrastructures. Cette transition rend quasi impossible l’accès des bâtiments aux organismes communautaires et aux populations desservies.

Le gouvernement du Québec est responsable de préserver ce parc immobilier. Nous avons récemment tiré la sonnette d’alarme et interpellé les ministres responsables de l’Éducation, de la Région métropolitaine, de la Solidarité sociale et de l’action communautaire, de la Famille ainsi que le Conseil du trésor, sans réponse pour le moment. Monsieur Legault, il est urgent de réunir vos ministres et d’empêcher l’aliénation des immeubles au privé.

La Ville de Montréal a adopté d’urgence une motion lors de l’annonce de la mise en vente des sept bâtiments scolaires. Nous saluons ce geste, car il reconnaît l’importance des organismes et demande au CCSDM de s’entendre avec le gouvernement du Québec sur une stratégie en amont de toute vente ou reprise de centres communautaires. Nous appelons la Ville à faire aussi partie de la solution et d’utiliser tous ses leviers disponibles.

Nous demandons qu’une table de travail soit créée de toute urgence avec le gouvernement provincial et la Ville de Montréal et, d’ici là, un moratoire sur toute vente au privé de bâtiments publics.

La solution : des bâtiments publics et collectifs

Le Comité régional pour l’accès à des locaux abordables s’active depuis 2018 pour trouver des solutions à la crise des locaux communautaires à Montréal. Il regroupe des partenaires communautaire, municipal, de la santé et une fondation. Ce comité a déjà identifié plusieurs solutions pour maintenir ce patrimoine public et en garantir l’accès aux collectivités. Il faut maintenant les mettre en œuvre.